8 novembre 2009
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Cette montagne a un drôle de nom , un de ses gars , un pied noir , croît pouvoir traduire en Montagne de la Chèvre . Pauvre bête , mais elle crèverait dans un désert pareil .
Ils sont partis depuis deux heures avant l'aube . Comme a son habitude il a mis ses gus en file indienne décalée . Une partie regarde vers la gauche , l'autre vers la droite . Il lui est même arrivé de tiré quelques balles devant le pékin qui n'a pas respecté l'intervalle de sécurité . Comme a son habitude aussi il est en tête de son commando et ses flankers sont a leur place .
Luc , Luc le Fêlé , comme on l'appelle dans le secteur, Luc le fêlé que tous les baroudeurs du coin voudraient avoir pour chef . Eux savent que Luc est le contraire d'un inconscient , c'est au contraire un chef ayant soin de ses hommes , ne prenant jamais de risque inconsidéré .
Mais dans ce régiment de biffins les officiers ne l'aiment pas , il n'a pas fait la Mecque de l'Armée Française , SaintCyr !
De plus Luc est métis , ça fait tache dans un mess , ça fait tâche dans ce beau régiment Franco-gaulois . Tous se demande pourquoi le Colonel a accepté la création de ce commando et surtout l'arrivée d'un lieutenant para qui a exigé de trier les bonhommes , de choisir son armement et , a la limite , de choisir ses missions .
Et d'où vient-il cet oiseau rare dont l'ascension en Indochine fût fulgurante pour se terminer a Dien Bien Phu . Au dernier moment il a réussi a retraverser les lignes Viets et pendant deux mois il a erré dans la jungle . Un patrouille de la Légion l'a retrouvé , a moitié mort de faim et blessé par un animal .
Luc marche toujours devant ses gars . Son regard d'aigle sait voir avant tout le monde le fell planqué dans la pierraille , décelé l'anomalie qui lui indique un danger . Aujourd'hui il a comme un malaise . Sa nuque est raidie comme par une appréhension qu'il ne s'explique pas .
Pourtant si , depuis l'entrée dans cette vallée ou aucun oued ne coule , pas un animal , pas un être vivant et malgré le soleil , aucun de ses gros lézards qui peuplent habituellement les trous dans la roche .
Il ralentit la marche du commando , d'un coup d'oeil il contrôle les intervalles de ses gus et fait signe au suivant d'enlevé les crans de sûreté . Ce qui se transmet a tous le commandos . Jamais un mot , tout par signe , les deux flankers se sont immobilisés .
Les muscles sont bandés , chacun regarde le rocher qui les abritera en cas de tirs ennemis . Les souffles sont plus court , le coeur bat plus vite , comme un tigre chacun est prêt a bondir . Pour en arriver a cela , des journées , des semaines , des mois d'entraînement ont été nécessaires . Ils ont appris a se contenter d'un litre d'eau , a seulement humecté les lèvres au lieu de boire goulûment comme tout homme normal , assoiffé , dans ces paysages de fin du monde . Ils ont appris a privilégié l'armement au détriment de la "graille" (1) . A se contenter du strict nécessaire pour conserver leurs forces . Les longues marches dans les djebels les ont endurcis . Ils ne sont pas maigres mais par un poil ce graisse sur ces homme aux visages émaciés .
Ils ont appris a sauter d'un camion en marche a 30 ou 40 klmh . Il a fait modifier les véhicules pour qu'ils puissent s'en extraire comme l'éclair .
Puis ils ont subit un entraînement particulier , apprendre le roulé-boulé .
Et puis un jour un dak (2) est arrivé sur le petit terrain d'aviation dans la vallée . Pendant huit jours les corolles blanches ont écloses sous l'avion . Luc a fait brevetés para tout son personnel , harkis inclus .

Ils ont encore en tête ce jour ou un général est venu leur remettre leur brevet de parachutiste . Un général car cette expérience a été commanditée et suivie de près par la Région militaire .
Depuis les coups de main sur les fells se succèdent , Luc n'a pas perdu un seul homme et dans huit jours ils défilerons sur les Champs Elysées avec un Régiment Para .
La haut les flankers se sont arrêtés a nouveaux . Luc a compris mais n'a rien vu . Un petit trou au milieu du front sous le béret rouge . Il ne verra plus rien .
Il ne verra pas ses gus défiler , la gorge serrée , en pensant a ce chef d'élite , qui ne les conduira plus au combat .
Dans un petit village de Correze , sur une tombe on peut lire .....
Luc LE FÉLÉ, mort pour la France dans le Djebel de la Chèvre . Algérie .
1925 - 1958
Luc le Fêlé ......... et oui , c'était son vrai nom , il avait l'âge du Christ quand il est mort !
(1)- les aliments , la soupe , le rata ....
(2) - le Dakota C47 américain - extraordinaire bi-moteur .
J'ai écrit ce texte pour honorer ces officiers parachutistes , ces hommes extraordinaires qui savaient mener leurs hommes au combat en prenant le minimum de risques et qui pourtant obtenaient le maximum de résultats .
je l'ai écrit aussi en pensant a ceux qu'on a traîné dans la boue pour avoir voulu jusqu'au bout maintenir l'Algérie a la France , a ceux qui dans l'énergie du désespoir se sont mis hors la loi pour avoir voulu tenir leur parole , leur promesse faite aux harkis et aux pieds-noirs .
A mes frères , a tous mes frères tombés sous les balles des fells et aussi des militaires Français .
Face au peloton d'exécution , vous êtes tombés la tête haute , pour l'honneur de la France .
Et par Saint Michel vive les para !

-un saut d'entretien de 55 du coté de Philippeville (Skida)- je suppose DZ de Dar Chitane- aérodrome de Vallée
Ils sont partis depuis deux heures avant l'aube . Comme a son habitude il a mis ses gus en file indienne décalée . Une partie regarde vers la gauche , l'autre vers la droite . Il lui est même arrivé de tiré quelques balles devant le pékin qui n'a pas respecté l'intervalle de sécurité . Comme a son habitude aussi il est en tête de son commando et ses flankers sont a leur place .
Luc , Luc le Fêlé , comme on l'appelle dans le secteur, Luc le fêlé que tous les baroudeurs du coin voudraient avoir pour chef . Eux savent que Luc est le contraire d'un inconscient , c'est au contraire un chef ayant soin de ses hommes , ne prenant jamais de risque inconsidéré .
Mais dans ce régiment de biffins les officiers ne l'aiment pas , il n'a pas fait la Mecque de l'Armée Française , SaintCyr !
De plus Luc est métis , ça fait tache dans un mess , ça fait tâche dans ce beau régiment Franco-gaulois . Tous se demande pourquoi le Colonel a accepté la création de ce commando et surtout l'arrivée d'un lieutenant para qui a exigé de trier les bonhommes , de choisir son armement et , a la limite , de choisir ses missions .
Et d'où vient-il cet oiseau rare dont l'ascension en Indochine fût fulgurante pour se terminer a Dien Bien Phu . Au dernier moment il a réussi a retraverser les lignes Viets et pendant deux mois il a erré dans la jungle . Un patrouille de la Légion l'a retrouvé , a moitié mort de faim et blessé par un animal .
Luc marche toujours devant ses gars . Son regard d'aigle sait voir avant tout le monde le fell planqué dans la pierraille , décelé l'anomalie qui lui indique un danger . Aujourd'hui il a comme un malaise . Sa nuque est raidie comme par une appréhension qu'il ne s'explique pas .
Pourtant si , depuis l'entrée dans cette vallée ou aucun oued ne coule , pas un animal , pas un être vivant et malgré le soleil , aucun de ses gros lézards qui peuplent habituellement les trous dans la roche .
Il ralentit la marche du commando , d'un coup d'oeil il contrôle les intervalles de ses gus et fait signe au suivant d'enlevé les crans de sûreté . Ce qui se transmet a tous le commandos . Jamais un mot , tout par signe , les deux flankers se sont immobilisés .
Les muscles sont bandés , chacun regarde le rocher qui les abritera en cas de tirs ennemis . Les souffles sont plus court , le coeur bat plus vite , comme un tigre chacun est prêt a bondir . Pour en arriver a cela , des journées , des semaines , des mois d'entraînement ont été nécessaires . Ils ont appris a se contenter d'un litre d'eau , a seulement humecté les lèvres au lieu de boire goulûment comme tout homme normal , assoiffé , dans ces paysages de fin du monde . Ils ont appris a privilégié l'armement au détriment de la "graille" (1) . A se contenter du strict nécessaire pour conserver leurs forces . Les longues marches dans les djebels les ont endurcis . Ils ne sont pas maigres mais par un poil ce graisse sur ces homme aux visages émaciés .
Ils ont appris a sauter d'un camion en marche a 30 ou 40 klmh . Il a fait modifier les véhicules pour qu'ils puissent s'en extraire comme l'éclair .
Puis ils ont subit un entraînement particulier , apprendre le roulé-boulé .
Et puis un jour un dak (2) est arrivé sur le petit terrain d'aviation dans la vallée . Pendant huit jours les corolles blanches ont écloses sous l'avion . Luc a fait brevetés para tout son personnel , harkis inclus .

Ils ont encore en tête ce jour ou un général est venu leur remettre leur brevet de parachutiste . Un général car cette expérience a été commanditée et suivie de près par la Région militaire .
Depuis les coups de main sur les fells se succèdent , Luc n'a pas perdu un seul homme et dans huit jours ils défilerons sur les Champs Elysées avec un Régiment Para .
La haut les flankers se sont arrêtés a nouveaux . Luc a compris mais n'a rien vu . Un petit trou au milieu du front sous le béret rouge . Il ne verra plus rien .
Il ne verra pas ses gus défiler , la gorge serrée , en pensant a ce chef d'élite , qui ne les conduira plus au combat .
Dans un petit village de Correze , sur une tombe on peut lire .....
Luc LE FÉLÉ, mort pour la France dans le Djebel de la Chèvre . Algérie .
1925 - 1958
Luc le Fêlé ......... et oui , c'était son vrai nom , il avait l'âge du Christ quand il est mort !
(1)- les aliments , la soupe , le rata ....
(2) - le Dakota C47 américain - extraordinaire bi-moteur .
J'ai écrit ce texte pour honorer ces officiers parachutistes , ces hommes extraordinaires qui savaient mener leurs hommes au combat en prenant le minimum de risques et qui pourtant obtenaient le maximum de résultats .
je l'ai écrit aussi en pensant a ceux qu'on a traîné dans la boue pour avoir voulu jusqu'au bout maintenir l'Algérie a la France , a ceux qui dans l'énergie du désespoir se sont mis hors la loi pour avoir voulu tenir leur parole , leur promesse faite aux harkis et aux pieds-noirs .
A mes frères , a tous mes frères tombés sous les balles des fells et aussi des militaires Français .
Face au peloton d'exécution , vous êtes tombés la tête haute , pour l'honneur de la France .
Et par Saint Michel vive les para !

-un saut d'entretien de 55 du coté de Philippeville (Skida)- je suppose DZ de Dar Chitane- aérodrome de Vallée