ET LA MORT L'A OUBLIER SUR LE CHEMIN DU DESERT

    La pente est rude , son pied cherche , l'endroit d'où il pourra progresser, sans glisser , sans vriller , et pour finir retourner en arrière . Les bretelles de son sac lui scient les épaules , ses bronchent demandent de l'air ,toujours plus a chaque pas . S'accrochant aux racines des arbustes qui arrivent a pousser dans ce quasi-désert , il atteint une petite  plate-forme et dérange un serpent qui prenait le soleil là comme Brigitte Bardot sur la plage de la Madrague .
    Il s'assied et regarde l'endroit d'où le reptile a disparu mais il n'a pu voir s'il était un venimeux ou pas . La carte consultée lui indique qu'il a encore une centaine de mètre pour atteindre l'endroit ou il pourra monter sa tente et entreprendre la surveillance de la bergerie , but de sa mission .
    Jimmy se sait capable d'efforts physiques intenses , mais pour le moment il est fatigué  . Il a laissé sa voiture dans le village et viens de faire une quinzaine de kilomètres dans ce pays rude , sur ces pentes difficiles de la montagne cévenole . La serre comme on l'appelle ici . Très haut dans le ciel , un prédateur , qu'il pense être un aigle , tourne a la recherche d'une proie . Les hautes falaises des contreforts du Larzac abrite sans doute son aire .
    S'étant accordé dix minutes de repos , il reprend son sac , s'aidant de sa canne de marche , il atteint enfin son poste de guet . Pour ne pas se faire remarquer par un occupant de la bergerie , il a fait une énorme détour . Il domine le site et dans l'oeil de la caméra spéciale , lourde mais efficace , il voit les personnages comme s'ils étaient a coté de lui .
    Cette mission , acceptée par Gérard son patron , ne lui plaît pas beaucoup . Espionner une femme pour le compte de son amant lui semble un travail pénible pour lui qui aime tant la liberté, tant pour lui que pour les autres. Trois jours a passer là puis il pourra redescendre .La belle étant ensuite rejointe par le client , amant régulier qui l'entretient ou son mari , il ne sait plus très bien .
    Ce qu'il sait c'est que le monsieur est généreux et que lui été largement payé par avance . La caméra sur son trépied fonctionne parfaitement et se déclenche au moindre mouvement dans la bergerie , superbement transformée par son propriétaire .
    Sur l'écran de contrôle de la caméra , rien d'insolite et s'il augmente la puissance du zoom électronique il a l'image d'une très jolie femme , nue au bord de la piscine . Pas d'autre présence visible sur la zone da balayage de la caméra . Si ............. des individus , armés comme des Rambos , surgissent , plusieurs détonations , et un homme sortant de la bergerie s'écroule , apparemment touché a mort . La fille nue se rhabille tranquillement , sans hâte , comme si la mort de l'autre ne la concernait pas .
      
    Jimmy malgré ses aventures passées ,réalise mal ce qui se passe . Qui est cet homme , ce beau gars en slip de bain ,  dont le sang rougit l'eau de la piscine ? Un gigolo qu'entretenait la belle ?
    La caméra continue a filmer , heureusement sans bruit car un des malfrats  sur , semble-t-il , un ordre de celle , qu'il pense maintenant être une salope , vient se positionner a proximité de son installation . La suite il l'a raconté ainsi a son patron..........
   
....... Tu te souviens , la-bas en Algérie on appelait cela un chouf et je revois des scènes semblables dans le djebel . J'arme mon Luger et surveille le gus assis en contre- bas car je ne tiens pas a finir comme le gars au bord de la piscine . En agrandissant l'image de la camera sur lui , je m'aperçois , qu'il ne semble pas aussi touché que je le pensais . Pas de doute la balle a du surtout l'assommer car .....mais oui , il ouvre un oeil .....le referme tout de suite en voyant un , sans doute trafiquant , passé a côté de lui en portant une caisse sur son épaule .
    Avec l'agrandissement de la caméra je vois le mouvement imperceptible d'une respiration retenue .......il rouvre un oeil.......
    Merde , le chouf semble inquiet .... moi j'ai le coeur qui bat plus fort..... puis brutalement il épaule son arme en direction du mort car il a compris ..... je sens qu'il va tirer.....
je fais feu par deux fois , sur le chouf , qui boule sur la pente entretenue vers la piscine . Les autres sur le chemin , autour de la camionnette , ont entendu , ils vont venir . Je dois sauver le "mort" , je bondis , dévale la pente , saute sur le terre plein de la piscine . Le mort ressuscité , plonge comme moi dans la maison en évitant de justesse la rafale d'un pistolet-mitrailleur.......
    Ayant au passage délesté le chouf de son P.M , je tire une rafale au jugé et j'ai le temps de voir un des voyous s'écrouler ,n'ayant pas digérer des pruneaux qui n'étaient pas d'Agen .
    Et là , se situe mon vieux  , une scène décalée .
- je m'appelle Marc me dit le mort en tendant la main .....
- enchanté ,moi c'est Jimmy......
- je regrette qu'on vous tire dessus par ma faute......
- c'est pas grave , j'ai l'habitude .....
- ha oui ! Alors vous n'êtes pas le mari de la dame......
- mais vous , son amant de passage .....
- non , son maître d'hôtel ......
- ha !
    A ce moment je sens un intrus dans la pièce , d'un brusque mouvement sur ma droite je découvre une forme avec un P.M , qui s'apprête sans doute a tirer .....
- couche-toi !  A l'adresse du maître d'hôtel . Je plonge derrière un meuble en lâchant deux bastos . Au stand de tir j'étais bon en tir instinctif ...... dans la réalité aussi , je vois le "rombier" comme dit mon patron , tituber , s'accrocher au rideau et s'écrouler , en rendant son âme au diable . Son arme glisse jusqu'aux pieds de Marc qui se relève dit avec nonchalance .....
- vous tirez bien ......on peut vous tutoyer ? 
- sans problème ....mais ou dans cette baraque nous n'aurions  que deux issus a surveiller ?
- la lingerie .....mais il faut traverser le patio, ils peuvent nous voir .....

    Dix seconde après nous sommes tous les deux dans la lingerie . Avec un luger , deux chargeurs et deux P.M aux chargeurs pratiquement plein .
    Nous faisons le point de la situation . Dehors plus rien ne bouge , mais combien sont-ils ? En comptant le chouf je dois en avoir mis trois hors de nous nuire . J'en avais vu trois mais Marc me dit qu'il y en avait un autre en protection a cinquante mètres sur le chemin d'accès ...... plus la putain qui semble commandé le tout , ajoute Marc .
    Par la fenêtre haute et petite de la lingerie , j'aperçois la camionnette , trois homme et la fille en grande discussion plus un autre qui surveille le paroi ouest de la bergerie . Comme elle est adossé a une petite paroi rocheuse la fille sait que nous ne pouvons nous échapper .
    Malgré la distance nous comprenons qu'elle veut notre mort car nous sommes les seuls témoins de sa compromission avec la bande de voyous . Elle tiens peut-être a pouvoir raconter un enlèvement alibi , pour garder son statut de femme entretenue . Les caisses déposées par hélico huit jours avant doivent contenir de la drogue . D'après Marc cela doit faire une somme énorme . Elle lui avait raconter qu'il s'agissait de matériel d'observation des étoiles.
    Pas de téléphone , impossible de prévenir qui que soit et la fille hurle des ordres et met en place ses gus mais ils ne savent pas vraiment ou nous sommes . Elle n'est pas Napoléon la petite . Son génie militaire se situe plus vers la petite culotte que vers ses lunettes de soleil .
    Et c'est la que se situe son idée de génie , elle va enfumer la maison ne pouvant se rendre compte que notre cache excentré et toute en béton ne risque , ni la fumée ,ni le feu . Ses clowns en cherchant a nous enfumer mettent involontairement le feu a la bergerie ......ce que je cherchais a faire pour attirer l'attention de la population toujours sensible a un feu dans cette région .
     Et ça fume ,et ça brûle , et le vent qui s'y met en rabattant la fumée sur eux  , les fait pleurer , éternuer , et voila que les cloches de l'église dans la vallée sonnent le tocsin . Elle comprend qu'il faut sauver le magot . Elle espère que nous allons mourir dans l'incendie . Elle fuit avec les autres ......

    Avec prudence nous sortons de notre cache . Déjà les premiers villageois accourent . Avec l'eau de la piscine et une pompe a bras que le mari avait acheté par prudence , sachant que l'électricité n'était pas toujours vaillante dans ce désert , au soir tout est éteins ...........

    Ce fût la dernière Mission de Jimmy , ce bonhomme tout en muscle , commençait tout de même a penser a près de soixante dix ans , qu'un jour la force lui manquerait et qu'il n'aurait pas toujours la souplesse nécessaire pour éviter la balle d'un tueur . La belle de la bergerie est morte
au Mexique dans un règlement de compte , entre narco-trafiquants .
    Un jour ,peut-être , en passant dans les environs de Valleraugues , on vous parlera de l'incendie de la Bergerie du Parisien.

    Un jour prochain ,peut-être  je vous raconterais une autre des aventure de Jimmy le para .

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