24 mai 2007
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LA NUIT DE LA BOUSSOLE .......Algérie (suite)
Le scoutisme est une école de volonté et pratiquement tous les anciens scouts passerons les épreuves des classes à Péhau sans trop de problèmes . Les marches de nuit , à la boussole, vont les faire émerger . Ce soir "on marche" a dit le Sergent . Nous sommes séparés en petits groupes de 9 à 10 bonhommes , "commandés" par un scout . Nous avons été vite repérés . Pour moi comme pour les autres scouts la boussole est une " amie " que nous connaissons bien et je ramène toujours mon groupe au bon endroit . Les gars sont contents car , "pas d'erreur" , veut diire trajet le plus court donc moins de fatigue . Ce soir c'est le grand jour ou plus exactement la grande nuit car il n'y aura plus de contrôle apres la deuxieme direction indicative a la boussole . C'est a mon avis un gros risque
d'errance toute la nuit pour certains groupes qui vont se perdent .
Premier contrôle , au deuxième un adjudant me dit que j'ai au moins vingt minutes d'avance sur la prévision . j'arrète mon groupe sur un tertre entouré de chênes verts et calcul qu'avec les "angulaires boussole" qui nous sont donné nous devons arriver juste a notre point de départ . < j'ai
toujours été tres forts en trigonométrie > . Je calcule également l'heure approximative ou nous devons arriver et je vais faire une immensse connerie en calculant l'axe de retour sans passer par les points intermédiaires .Les gars sont d'accord et en route pour l'aventure . Rien ne nous arrète sauf un champs de pastéques qui éclatent sous nos rangers et de clotures en bambous bien fragiles pour des paras . Nous ressortons de ce piège en reculant et en effaçant nos traces comme les indiens .Nous contournons le champs et des chiens aboient dans un groupe de mechtas mais la caravane passe..... la caravane parachutiste !
La lune éclaire nos exploits et nous trouvons rapidement le point d'arrivée . Nous nous cachons a proximité en attendant l'heure . Nous nous présentons les premiers et sommes félicités car à 15 m/ près notre temps est celui calculé par les patrons . J'ai un peu honte car nous avons triché mais nous n'étions déjà plus de vrais bleus et nous avions compris qu'a l'armée ce sont les plus débrouillards qui s'en sortent . Et puis nous avions prouvé notre adaptation au terrain et notre sens de l'orientation ...... plus exactement mon sens de l'orientation . Il faut toujours rendre a César ce qui appartient à Jules . Le scoutisme m'a donné des armes dont j'entend bien me servir , au clan j'étais le meilleurs pisteur .
Petite surprise , le surlendemain , aprés le lever des couleur, le big boss nous demande de respecter les petits champs cultivés par les arabes qui se seraient plaint d'une destruction de cloture et de pastèques par des militaires ! Nous nous regardons et le sergent me regarde d'un air sévère . Mais il n'y aura pas de suite , le patron pensant que c'est un groupe qui s'est égaré en dehors du parcours normal . Cela doit se ranger dans les aléas des marches de nuit .
Mais le regard du Sergent est toujours interrogateur . Il me demande si je suis capable de reconstituer un trajet avec les indications des directions successives . J'hésite et lui répond tout de même oui . Il a compris et il m'explique que ce qui est une qualité au combat est un acte négatif vis avis de la population indigène . Il ne me dénonce pas car nous formons maintenant un bloc avec nos sergents instructeurs .De plus notre petit groupe se distingue dans pratiquement toutes les disciplines de notre instruction militaire et nos instructeurs en sont fiers .
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ALGERIE 1954-56
17 mai 2007
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LE CAMP PEHAU ( Algérie 11 )
le parcours du combattant (suite)
C'est vrai qu'avec le sac et l'arme le mouvement doit -être parfait sous peine de rester "comme un con" dit le moniteur , accroché dans toute les positions possibles plus le stress en voyant les infirmiers se rapprocher . il y a d'autres obstacles qui sont difficiles par ce que je suis petit . Ce parcours est dur , très dur mais pas infaisable mais c'est la terreur pour beaucoup . Les petits sont remarquablement plus agiles tout en souffrant de leur petite taille pour franchir les murs . De toute façon , en principe tous seront para mais la "terreur" de certains face a toute nouvelle "plaisanterie" des gradés me laisse sceptique .
C'est le cas pour les rudiments d'apprentissage du déminage le sergent instructeur nous présente quelques mines toute simples , sans piége véritable , légèrement enfouies dans le sable . Nous explique la technique pour annihiler ces mauvaises bêtes et nous le démontre . Il précise qu'elles sont vraies et que toute erreur amènera un explosion . Personne ne se bat pour être au premier rang . Notre b
ourreau dit nous appeler par ordre alphabétique . Apparemment il n'y a pas de nom commençant par A et du coup il m'appelle . Je suis transi de peur et je serre les fesses et comme me dit un copain pied-noir "une olive ,un litre d'huile" . Puis mon cerveau se retrousse les manches et réfléchit a vive allure . L'armée française n'est tout même pas assez con pour risquer de tuer ses nouvelles recrues ! Je fais tout ce que nous a dit l'instructeur et quelques temps apres je me releve avec un sourire de satisfaction , mine désamorcée . Le Sergent me regarde avec un sourire bizarre et me félicite . C'est ce jour là qu'est née entre nous une certaine complicité . Par contre je n'ai jamais su si elles étaient véritables ou pas ces fameuses mines . Il n'a jamais voulu répondre a ma question .
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LES CLASSES A PÉHAU
Pour les ignorants de la chose militaire , les "classes" sont la période d'apprentissage du métier militaire .
Notre grande chambrée comporte deux rangées de sommiers métalliques sur lesquels on doit trouver un matelas ....... on devrait car c'est une sorte de " paillasse " qui est distribuée . C'est peut-être mieux ainsi car nous suons une bonne partie de la nuit avec un semblant de fraîcheur sur le matin . Par contre j'ai un peu d'air car je me suis arrangé pour obtenir le lit le plus près de la porte . Des portants en bois comporte en haut une case fermée a cadenas et dessous une barre sur laquelle on peut suspendre nos vêtements sur des cintres ....... fournis par l'armée . Nous étions prévenus mais les fameuses piqûres nous laisserons un mauvais souvenir, beaucoup de malades . Je ne m'en suis pas trop mal sortis grâce a de solides accointances du coté de l'infirmerie . Le lieutenant du service de santé est scout-routier comme moi . Jeune médecin il a demandé a faire son temps dans les parachutistes . Je crois même qu'il a son brevet para prémilitaire . Nous avons sympathisé , entre scouts , c'est tout a fait normal ! Le lever des couleurs est pour beaucoup d'entre nous un moment un peu émotionnel car on a beau nous dire que nous sommes toujours en France , l'Algérie c'est pas tout a fait la France pour nous. Pour ne choquer personne nous dirons rapidement " la métropole" . Un brave caporal-chef qui rentre d'Indochine, natif d'Oran , nous instruit sur la manière de nous comporter avec les gens d'ici ."Je suis "piednoir" , vous vous êtes des "Pathos", tous les métropolitains sont des pathos ".Nous n'avons rien compris mais en choeur nous avons dit " oui ". (il me semble qu'il s'appelait Martinez) Ce type très sympathique nous a recommandé d'être prudent pour draguer les filles . D'une part on leur recommande de se méfier des parachutistes et de toute façon tout gugus qui porte un uniforme .
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ALGERIE 1954-56
3 mai 2007
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ALGERIE , CAMP PEHAU , PHILIPPEVILLE
En langage militaire ces trois gus s'appellent des bleus . Habillés par l'armée ils n'ont pas l'air trop ridicule sauf que le petit - c'est moi - nage un peu dans son short .
Lors du 14 Juillet on nous a habillés en tenue " Léopard " pour défilé . Mais jugé trop petit j'ai défilé sur un véhicule . C'est bien car le pantalon de ma tenue camouflée doit être prévu pour un gros d'un mètre quatre vingt et non pas pour un mini para d'un mètre soixante pesant 57 kilogs a poil . Cela " bouffe " drôlement sur les rangers . Je regarde avec envie mes parisiens dont la tenue leur donne un air martial très parachutiste.
Quand a nos instructeurs , qui font souvent retoucher leurs tenues , de combat ou de sortie, ils sont parfaits . Epaules larges , hanche étroite , petit béret rétrécie volontairement ..... les femmes regardent avec gourmandise .
Nous avons hâte de pouvoir faire comme eux .
Une route passe en bas du camp puis après une petite grimpette on passe devant un poste de garde , bien vétuste lui aussi , pour déboucher sur une vaste avenue qui mène tout au bout vers le parcours du combattant tant redouté de certains . Avenue, le mot est un peu fort car selon la définition du Larousse , une avenue est une voie de circulation bordée d'arbres . Ici ce sont des cactus qui remplacent les arbres . La place d'Arme
donne sur cette voie avec le mat des couleurs et quelques batiments administratifs .
< Aujourd'hui en ce mois de mai2007 , ma mémoire est très fermée sur la vision de cette grande voie dont je n'ai aucune photo . Je n'ai aucun cliché non plus sur le parcours du combattant . >
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ALGERIE 1954-56
2 mai 2007
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15:32
LA TERRE DE LABAS ....l'Algérie .

Le nuit en mer est très calme je n'aperçois ni terre ni autre navire . Il ne fait pas froid mais j'ai du mal a m'endormir bien que je sache dormir sur la dure. Les bruits du bateau me sont incompréhensibles mais ne m'effraient pas . Enfin le sommeil arrive et je me réveille seulement au lever du jour . Beaucoup de gars ont le mal de mer et viennent vomir au bastingage . Je suis moi un heureux veinard qui ne souffre d'aucun mal des transports .Je me précipite vers la cambuse et monnaie sonnante distribuée je déguste un bon café avec pain et beurre . Je vois passer les gamelles et le jus destiné aux futurs parachutistes . Cela ne sent pas bon du tout et je plaint les pauvres gars qui n'ont pas su se débrouiller .
La terre se profile enfin a l'horizon mais nous ne sommes pas dans un film de pirates et personne ne crie " Terre " du haut d'un mat . Par contre nous sommes assez rapidement regroupés mais autorisés a rester près du bastingage pour admirer la côte qui se découpe . Nous passons un cap et longeons la côte vers le port de Bône ( c'est Annaba maintenant ) ou nous débarquons .
(Ce texte étant écrit en 2007 avec des notes succintes de 1954 sur un vieux carnet, certains détails m'échappent totalement , je ne me souviens même plus comment nous sommes arrivés au camp Péhau ) Mais notre but c'est le fameux camp Péhau dont certains anciens sur le bateau ont traumatisé les "pékins" que nous sommes en nous racontant des histoires affreuses sur ce camp .
Péhau se situe au bord de mer , à 50 mètres près , dans un ocean de sable , de caillasses , de végétation courte et souvent piquante , occupé aussi par de petites bêtes pas sympathiques qui rampent , qui piques , enfin tout pour rendre heureux .Les bâtiments sont en grande partie des hangars métalliques en demi-lune et en mauvais état ou nous allons griller , même la nuit ! Les toitures sont partiellement ruinées . On y vit en slip et on cuit quand même avec la sueur qui coule . ( je me demande encore aujourd'hui comment nous avons pu tenir dans ces fours qui mettaient notre physique a rude épreuve ) . Par contre des anciens nous raconte que lorsque la pluie arrive c'est souvent la douche . Certains sont en meilleur état mais c'est l'infirmerie , des bureaux ou des "pioles" (chambre) de gradés .
Par contre bonne surprise nos chefs directs , nos instructeurs,sont des sergents sympas , fermes mais pas du tout les monstres avinés que nous avaient promis les anciens sur le bateau .
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30 avril 2007
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VINGT ANS AU SOLEIL (3)
VERS L'ALGÉRIE .....
Quelques morfalous comme moi , commencent a tourner pour déceler le meilleur endroit ou nous pourrons échanger contre quelques pièces sonnantes et trébuchantes du bien-être pour nos "estomaques" . Contact pris avec la marine nous avons bientôt presque de quoi faire bombance . Nous voyons passer derriere nous des grosses gamelles pleines d'aliments étranges et malodorants destinés aux "hommes". L'encadrement a droit a un repas agréable au carré des officiers .
Le mal de mer commence a faire ses effets et les morfalous héritent des saucissons et des boites de paté , sortis inutilement des musettes par de pauvres gars qui pensent surtout a donner a manger aux poissons. Un débrouillard a soustrait deux bouteilles de vin initialement destinées a nos accompagnateurs galonnés . Nous nous rassemblons a la pointe du bateau et c'est bientôt "Byzance", expression bien connue des "pioupous" .
Pour terminer un normand ayant un "pays" cuisinier nous ramène du café et de la gnole.....du pousse café ! Comme les futures militaires veulent se conduire comme des grands , on entend des rots sonores dans la brise du soir . Apres une bonne cigarette , je me cale sur un madrier et sous la voute céleste ou brillent mille étoiles , je m'endors rapidement en pensant à Hélène , ma catalane . Demain sera un autre jour .
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ALGERIE 1954-56
29 avril 2007
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VERS L'ALGÉRIE ......
Apres bien des péripéties , des gugus ramassés en ville par la patrouille P.M ou la gendarmerie , nous embarquons en camion pour le port . Un lieutenant qui boite sérieusement commande cette troupe dont le comportement n'est pas tres militaire . Le "pôvre" doit étre content d'avoir un commandement car je ne le vois pas au combat avec sa jambe abimée .
Nous faisons connaissance avec notre bateau de "croisière " , le Sidi Okba , qui fait la ligne Bône ,Marseille . En arrivant sur le quai , toujours en civil, des "pékins " dit le lieutenant , je trouve que ça sent beaucoup le mouton , regroupés , recomptés, nous nous dirigeons vers nos cabines....... mais non la cale , tout simplement . Alors là , c'est l'horreur ! Au précédent voyage le bateau a transporté dans ces fameuses cales un troupeau de mouton ! Les odeurs sont atroces et la chaleur y est insupportable .
Bon , c'est décidé je voyagerai sur le pont . Je me dirige vers la proue du "raffiot " et je repère un coin ou je serai très bien . Les gars ramassés en ville qui voulaient voir les putes , arrivent , encadrés par la PM (police militaire) et sont dirigés directement dans une cale annexe dont ils ne serons extraits que quelques heures pendant le voyage .Pour eux , l'armée ça commence bien !
Un gars sur le pont joue de l'harmonica , nostalgie , déja . Je me dirige vers l'arriere du bateau pour voir arriver le remorqueur qui va nous déhaler . Je m'amuse en regardant des passagers qui se bouchent le nez pour rejoindre leur cabine et pourtant je ne sens même plus l'odeur des moutons .
Quelques coups de sirène et le bateau a comme un leger frémissemen
et trace son sillage dans le port . Le remorqueur nous abandonne et nous dépassons le môle . Je regarde la "Bonne Mère" qui s'éloigne . Adieu,belles filles nous partons vers l'aventure . Dernier vision de la terre de France , le chateau d'If .
(a suivre)
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